Le samedi à Barcelone
J'ai affiné ma présentation en repoussant la table basse sur le côté et en tournant un spot vers elle.
Je crochète en allant et venant et en me fredonnant "Ma liberté" de Moustaki.
Je croise les agents de la sécurité qui vont et viennent de leur côté. J'entends le pôle info qui annonce les ateliers "Attenzione carinos visitantes", et les exclamations de visiteuses qui passent à côté de mon espace "Mira !".
Certaines me regardent en se frappant le front du doigt d'un air entendu, et je ne suis pas toujours sûre de comprendre : loca ou creativa ?
On me demande si j'ai un modèle, si je suis un patron. Mais non, j'explique, force gestes à l'appui, que mon crochet est branché directement à mon imaginaire.
On me demande ce que je vends, des pelotes de lin ? Est-ce que je donne des cours ? Et qu'est-ce que c'est ? De la décoration ?
Les visiteuses ne sont pas venues là pour voir une expo, elles admirent les patchworks, se prennent en photo devant, et se bousculent pour vite arriver au vestiaire où on leur donne un sac pour leurs courses.
Il y a des visiteuses radieuses, et même certaines qui comprènent et avec lesquelles j'ai de sympathiques échanges.
Je répète les mêmes choses, sur la liberté que donne le crochet, sur les qualités du fil de lin, sans jamais parler d'art.