Le vendredi à Barcelone
Le n°112, et 18e pièce attendue de mon exposition "Parcours", terminé, j'entreprends la pièce suivante. Le crochet chauffe. Je travaille en marchant, je vais et je viens, je fais le tour des panneaux des patchworks, je suis à la fois occupée et disponible.
Les visiteurs (visiteuses d'ailleurs) sont ainsi plus à l'aise pour regarder mon espace et libres de ne pas aimer sans être inhibés par ma présence, et moi je ne perds pas mon temps. Je produis. Je poursuis mon histoire.
Pendant les 10h d'ouverture du salon je suis debout et je crochète. Je performe en silence.
Certaines m'aperçoivent, m’interpellent, me demandent des précisions, me félicitent.
Beaucoup de petites dames chaleureuses, pas préparées à voir ce genre de choses dans le salon où elles viennent de ravitailler en fil et boutons, qui rient en toute simplicité, s'étonnent, s'attardent, ou pas.
Elles sont tactiles et quand elles veulent souligner leur bienveillance, elles n'hésitent pas à me tâter le bras, le pressent, le caressent.
"...muy bueno, me encanta, precioso, guapa, geniale..."
A 20h j'éteins ma boîte noire. Il y a des visiteurs qui s'attardent. Je suis vannée.