Dans le double cercle de granit de l’ancien pressoir à pommes
où s’épanouissaient des orties autour des terriers de lapins :
- du magasin, un petit bassin en plastique et un plant flottant de jacinthe d’eau.
- de la forêt, des plantes trouvées autour des trous d’eau
ainsi que quelques tritons et des cailloux.



Déjà les araignées d’eau font des ronds dans l’eau
en sautant sur les moucherons pour les dévorer.
Nous éviteront-elles les moustiques ?
Bientôt le reste du rond sera paysagé, j’envisage une butte avec rocaille.

(Mini pont de bois sauvé de la poubelle après avoir fait la vitrine d’un chausseur parisien)

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Mare au diable

Une algue filandreuse s'est développée et les tritons s'en sont allés...

Glauque à souhait.

(Quatre mois après création.)

Ce mal aimé que je sauve chaque année de la tronçonneuse d’Henri
se développe vite dans le dos de l’atelier.



Je le taille sans complexe et il suit sans plus de complexe son idée.
Notre relation est très décontractée.

J’en aime le feuillage, et les fleurs, jusqu’aux baies dont raffolent les oiseaux.

Une année j’en ai frit les fleurs dans de la pâte à beignet.
Un goût de délicate sauvagerie pour un dessert peu ordinaire.

Bouton d’or et fil du temps.

Quand nous avons commencé à nous occuper du jardin,
l'allée en opus incertum était totalement recouverte par le gazon.

La découvrir (au sens propre comme au sens figuré)
a permis de donner son armature au jardin.

Tout a soudain trouvé son sens :
les espaces gazonnés, les massifs à garnir, les recoins secrets...
Et on se promène dorénavant les pieds au sec sur cette colonne vertébrale,
au lieu de divaguer sans savoir par quel bout prendre ce grand terrain plat.

Ce qui clochait avec les cyclamens de Naples du jardin
(seule plante qui acceptât de survivre sous les tuyas)
c’est que les poules de la ferme voisine (omniprésentes dans le jardin)
les déterraient en faisant là leurs trous pour leur bain de poussière.



Maintenant protégés par des cloches en grillage à poules (justement)
façonnées à la main (gantée)
et solidement amarrées avec des “cavaliers” en gros fil de fer
les voilà à l’abri des volailles,
et mis en valeur comme de précieux bijoux végétaux.

A gauche, le sublime feuillage des sublimes Helleborus foetidus.

Toujours donnant dos au sud
des fleurs follement exotiques crèvent le sol aux abords de la forêt.



Elles vont du vert au brun rougeâtre
en passant par ce genre plus rare de moucheture.
Séduite, je repique dans le jardin
ces beaux arums sauvages

dont les fruits en épi vert en juin deviennent rouge-orangé en juillet.

1 an seulement est passé entre ces deux photos
d’un bout de massif créé dans un coin un peu ingrat
avec des roches de la forêt et des plantes récupérées :

                - pervenches qui étaient disséminées dans le fossé
                   qui borde le terrain contre le pré aux vaches,
                - tristes iris qui viennent de survivre 40 ans à l’ombre et à l’humidité,
                - euphorbes repiquées de la forêt d’à côté,
                - semis d’hellébores issues de ma Drôme natale,
                   ayant transité pendant des années dans des jardinières à Paris.

L’allée dallée des grands-parents se terminait brutalement dans la pelouse.



Pour en justifier l’interruption, j’ai organisé une petite rocaille
qui forme un but au bout de l’allée.
J’ai ensuite animé les quelques plantes installées
autour des roches rapportées de la forêt avec quelques vieux piquets rouillés
(J’ai sélectionné des piquets peu dangereux, se terminant par un embout non vif).
Ils ont aussi le mérite d’arrêter la tondeuse du père Couptou avant mes plantations.
Et je dois m’occuper du restant de gazon à la cisaille.

(Les grands arbres supportent tyrolienne et balançoire pour les enfants)

Percées au cul par mes soins,
voilà des pignates reconverties
en pots plein de charme
pour accueillir les prolifiques orpins.



Pignates, marmites de terre cuite provençales,
chinées ici et là (à protéger
des grands gels tout de même).
Sedum specabile ou orpin des jardins,
trouvé sur le bas-côté de notre chemin,
et sauvé de la débroussailleuse du cantonnier.

Les “terrailles”, où les pignates constituaient la production la plus courante,
sont les formidables représentantes d’une tradition populaire : la poterie utilitaire de Vallauris.
Que l’utile est beau quand il répond parfaitement à l’usage
et est créé pour le plus grand nombre !
Non de l’art, mais de l’économie, du domestique.
La modestie est leur noblesse.
Le must : y trouver le tampon oval des Foucard-Jourdan
ou le cartouche d’Aegitna des Saltalamacchia.

cf. Pignates et poêlons, poterie culinaire de Vallauris, éd. Musée Magnelli de Vallauris

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Floraison

En août ils ont bien monté et ont fleuri.



Une inflorescence rose foncé
sans cesse parcourue par de gourmands bourdons.

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Bourdon dort

Les bourdons qui se gavent sur les orpins durant le jour
passent aussi toute leur nuit dessus !

Ils piquent du museau dans les fleurs,
et au petit matin, tout couverts de rosée,
ils se réaniment doucement.

Je fais toujours un tour de jardin à la torche électrique,
autour de minuit, quant nous arrivons à notre campagne.
Quel étonnement de découvrir tous ces bourdons profondément endormis !

(septembre)

De petits pots d’un petit sedum
miraculeux de vitalité moutonnante
occupent trois vieilles cages chinées
dont les portes restent désormais ouvertes...