ER XI
Je suis retournée au Bon Marché profiter en nocturne des vitrines d'Ai Weiwei.
J'ai bien fait. Sans reflet parasites, j'ai vu mille fois mieux que mardi.
Les 10 vitrines de la rue de Sèvres sont autant de petites galeries.
Pas de redites, chacune est différente, par son thème, son accrochage, ses jeux de lumières.
Riches en références tant à la mythologie chinoise qu'à l'histoire de l'art, autoportrait d'un artiste de son pays et de son temps, avec racines et plaies, rêves et tourments.
En bambou, ficelle de sisal et papier de soie. Technique modeste, sans esbroufe, traditionnelle (celle des cerf-volants).
Mais quelle inspiration ! Quelle ambition ! Quelle générosité !
Gros travail de préparation à Pékin et d'accrochage à Paris.
Décidément, le Bon Marché et Ai Weiwei ne se sont pas fichus des passants.
Samedi soir les vitrines fermeront. Il faut se dépêcher pour ne pas rater cette exceptionnelle exposition. Les suspensions à l'intérieur sont enchanteresses, mais ce sont dans les vitrines que se joue ("Air de jeux") la force créative de Weiwei.
vitrine 1 : "Broken Wings in Dreams of Flying"
vitrine 2 : "The Big Bang-Deng"
vitrine 3 : "A Good Trip"
vitrine 4 : "Étant Donnés"
vitrine 5 : "Ascending"
vitrine 6 : "258 Caochangdi"
vitrine 7 du Bon Marché : "The Bike Grinder"
vitrine 8 du Bon Marché : "Paris is Crazy"
vitrine 9 : "All Fingers Must Point Down"
vitrine 10 : "With Passport"
"Classique des Monts et des Mers"
Sous les 2 verrières du Bon marché, Ai Weiwei a suspendu 22 monstres issus de la mythologie chinoise "Classique des Monts et des Mers".
"La Chanson du Blanc" nous les rend visibles dans un magasin qui semble fait pour eux. Les verrières, comme les parquets, sont des échos des chimères légères.
Carcasses de bambous tendues ou non de papier blanc, jeux de lumières.
La vision est parfois brouillée et les chimères se révèlent ou résistent.
Moins personnel que dans les vitrines, ce beau travail de l'atelier de Weiwei enchante.
"Air de jeux"
Les 10 vitrines du Bon Marché investies par Ai Weiwei, comme 10 scènes de théâtre, 10 pages d'une autobiographie mêlée des histoires de l'art et de la Chine.
C'est fastueux et délicat. Séduisant et intelligent.
Mes photos ne peuvent, bien entendu, pas rendre la richesse des installations de bambou et de papier de son "Air de jeux".
Il faisait beau cet après-midi, les reflets ont tué mes pauvres tentatives pour mettre en boîte, pour garder une trace, de toutes ces splendeurs.
J'étais comme fillette devant des vitrines de noël.
J'y retournerai en nocturne.
Weiwei
Comme souvent, je me bouge sur le tard : Weiewei au Bon Marché ce sera fini samedi soir ! Or c'est MERVEILLEUX.
Les esprits volants sous les verrières du magasin : écrin et bijoux parfaitement raccords !
Mais le top du top, ce sont les vitrines. Là, Weiwei conjugue son histoire à lui avec les mythologies.
C'est inventif, poétique, émouvant, fort, beau, riche
Quand Art et Amitié vont de paire
"Ici Montreuil" accueille l'exposition "A War" de Virginie Rochetti jusqu'au 5 mars, 135 bd Chanzy (Métro Robespierre).
Un beau lieu pour présenter les œuvres de Virginie (à midi on peut y profiter d'un restaurant très sympa).
Son travail islandais autour de la pêche, de la sauvegarde de la nature et des baleines.
Un travail plus récent sur guerres et guéguerres, sur fond de nature en danger.
Dessins et broderies machine. Avec une nouvelle technique au rendu magnifique, depuis des noirs d'encre absorbeurs de lumière jusqu'à de subtils grisés faits par la danse du fil.
Wifredo Lam
Je suis allée visiter l'expo Wifredo Lam à Beaubourg.
J'aime profiter des nocturnes du jeudi. Elles sont souvent calmes, on ne se bouscule pas devant les œuvres. Pourtant, il y avait pas mal de monde ce soir, à 3 jours de la fin de la rétrospective.
J'y suis allée sans enthousiasme. Et je ne regrette pas ma sortie. J'ai passé un moment agréable en compagnie d'un artiste solaire qu'on voit, sur les documents photos et vidéo, entouré de femmes élégantes et d'amis souriants.
Wifredo Lam (1902-1982) à Beaubourg.
Un grand dessinateur qui a métissé l'académisme avec le primitif, l'humain avec le végétal, mêlé le monde des invisibles à la sensualité des fruits de la terre.
Du motif, du rythme, du graphisme.
Quelque chose de bédéiste, indubitablement.
Et de sympathique, même dans ses sarabandes.
On sent derrière lui Matisse, Picasso, Miro, Léger, le cubisme et l'art africain.
Des seins en forme de citrons, dans des feuillages vivants, des têtes de diablotins malicieux, surgissant d'enchevêtrements compliqués. Joueur de formes et jeteur de sorts. Becs et fruits. Cornes et griffes.
Un graphisme solide et ludique, jouant de la symétrie et des oppositions.
Incantations et poésie.
Lam a beaucoup travaillé la terre, notamment en Italie où depuis les années 50 il séjourne régulièrement à Albissola, centre de céramique, en 1975 un pic d'activité le fait réaliser près de 300 pièces !
Becs, griffes, cornes, ailes. Il incise, découpe, soulève. On devine son plaisir.
On peut aussi penser qu'il a trouvé dans la cuisson de la terre et des émaux quelque chose de l'alchimie dont les idées et pratiques l'ont tant intéressé.
Maison & Objet 2016
hormis une incursion rapide par les halls 6 et 8, c'est dans le hall 7 que j'ai concentré ma visite
beaucoup moins de coups de coeur qu'en 2013 où j'avais eu la chance de venir
j'ai croisé le designer Karim Rachid (qui ne passe pas inaperçu)
et j'ai assisté à une causerie avec Chantal Thomass
quant à l'installation des tendanceurs "inspirations Wild", c'est une grosse déception
de l'extérieur on croirait le plateau de découpe de bois de Leroy Merlin (en plus moche)
à l'intérieur le 1ère salle bourrée de bâtons qui pendent du plafond séduit
mais la suivante est minable et les objets présentés ne marquent pas ni l'oeil ni l'esprit
heureusement il y a les objets d'os de cheveux et de dents de Mariana Fantish et de Dominic Young
mais on se désole de sentir une paresse dans ce qui a été le centre névralgique du salon
un épicentre enchanteur qui a fait rêver
et qui déçoit
http://www.maison-objet.com/fr/paris/programme/inspirations
Pourtant, le thème de la nature magique et de l'animalité est indiscutablement dans l'air du temps et aurait pu être formidablement illustré.