Je suis allée visiter l'expo Wifredo Lam à Beaubourg.
J'aime profiter des nocturnes du jeudi. Elles sont souvent calmes, on ne se bouscule pas devant les œuvres. Pourtant, il y avait pas mal de monde ce soir, à 3 jours de la fin de la rétrospective.
J'y suis allée sans enthousiasme. Et je ne regrette pas ma sortie. J'ai passé un moment agréable en compagnie d'un artiste solaire qu'on voit, sur les documents photos et vidéo, entouré de femmes élégantes et d'amis souriants.
Wifredo Lam (1902-1982) à Beaubourg.
Un grand dessinateur qui a métissé l'académisme avec le primitif, l'humain avec le végétal, mêlé le monde des invisibles à la sensualité des fruits de la terre.
Du motif, du rythme, du graphisme.
Quelque chose de bédéiste, indubitablement.
Et de sympathique, même dans ses sarabandes.
On sent derrière lui Matisse, Picasso, Miro, Léger, le cubisme et l'art africain.
Des seins en forme de citrons, dans des feuillages vivants, des têtes de diablotins malicieux, surgissant d'enchevêtrements compliqués. Joueur de formes et jeteur de sorts. Becs et fruits. Cornes et griffes.
Un graphisme solide et ludique, jouant de la symétrie et des oppositions.
Incantations et poésie.
Lam a beaucoup travaillé la terre, notamment en Italie où depuis les années 50 il séjourne régulièrement à Albissola, centre de céramique, en 1975 un pic d'activité le fait réaliser près de 300 pièces !
Becs, griffes, cornes, ailes. Il incise, découpe, soulève. On devine son plaisir.
On peut aussi penser qu'il a trouvé dans la cuisson de la terre et des émaux quelque chose de l'alchimie dont les idées et pratiques l'ont tant intéressé.