autoportrait dans l'entrée

façon les trois grâces, avec une étroite et une grasse

refaire trois pièces l'an dernier ça a aussi été perdre des endroits appréciés

j'aimais bien ce coin au-dessus du bureau avec une photo faite par mon mari

j'aimais bien la porte de la chambre des enfants griffée de leurs initiales dorées

j'aimais bien le papier à l'ancienne de leur chambre qui alternait faune et flore

j'aimais bien l'accrochage onirique au-dessus de mon chevet

j'aimais bien la frise de la chambre parentale et le papier façon enduit ciré

mes cheveux poussent en attendant l'ascenseur devant la claustra

3 saisons dans le hall d'entrée de l'immeuble

composition spontanée d'objets en attente dans la desserte des chambres

sur le palier c'est la fête aux cartons

un soir passant par la desserte

je suis surprise par la présence d'une ombre puissante

j'ai mis un certain temps à en trouver l'origine

c'était n°53 accroché sur le côté de la porte donnant sur le séjour

Il y a eu le feu au 6e (nous habitons le 9e et dernier étage).



Pour évacuer l'importante fumée qui a envahi l'immeuble,
les pompiers sont allés enfoncer la porte du toit terrasse,
juste au-dessus de l'entrée de notre appartement : un fracas incroyable.

Nous avions la clé !
Mais on ne savait pas ce qu'ils faisaient et avions consigne de rester dans nos appartements.

L'appartement du 6e est inhabitable. La famille, absente lors de l'incendie est à l'hôtel ;
elle a perdu literie, vêtements, photos, bijoux... et la fumée a souillé ce que le feu a épargné.
Au 5e on déplore une infiltration d'eau
dans la pièce correspondant à celle où les pompiers sont intervenus.
Quant à nous, après avoir longtemps aéré,
il nous juste faut laver la portière en tissus de l'entrée qui a absorbé l'odeur acre de la fumée.

A l’occasion de travaux dans le grand séjour (qui englobe entrée et bureau/salle de jeux),
les fantômes révélés parlent du temps passé, déjà.

Des fantômes qui parfois se superposent
car le temps en strates accumule ses souvenirs.

Comme un mystérieux flash façon Saint Suaire.

53 cintres de pressing (trouvés dans la rue) accrochés à un clou et
3 sacs de Barbès (remontés de la cave parce que contenant les vêtements d'automne)
posés sur le coffre-banquette (offert à Niky pour sa naissance)
composent impromptus une installation qui joue sur le plaisir de la série.

(vue depuis la chambre des parents)

L’organisation s’échoue toutes entrailles expoitraillées



devant la muraille rouge entaille



et ouvre ses orifices à l'écoute de relents africains.