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chez Henriette L.
19 octobre 2012

Alina Szapocznikow

 une des découvertes que j'ai faites à la fiac

Alina Szapocznikow, du corps à l’ouvrage

par HENRI-FRANÇOIS DEBAILLEUX (Extraits - Libération - 3 janvier 2012)

Artiste juive déportée, morte en 1973 à 47 ans, elle perd à 12 ans son père, atteint de la tuberculose, connaît les ghettos de Pabianice et de Lódz avant d’être envoyée avec sa mère à Auschwitz, puis à Bergen-Belsen, où elle reste dix mois. Ayant survécu à l’horreur, elle part s’installer à Prague, puis arrive à Paris en 1947, s’inscrit aux Beaux-Arts, rencontre César et Ryszard Stanislawski, qu’elle épouse en 1952. Entre-temps, elle a contracté la tuberculose et le couple est rentré en Pologne communiste. Ils divorcent en 1958, et Szapocznikow s’installe alors avec Roman Cieslewicz à Varsovie.

Thématique. A cette époque, Roman Polanski réalise un documentaire sur son travail. Dans la foulée, le critique d’art Pierre Restany, fondateur des nouveaux réalistes, remarque ses œuvres à la Biennale de Venise, en 1962, et décide de la soutenir. Il inaugurera d’ailleurs sa première exposition personnelle à la galerie Florence Houston Brown à Paris, en 1967. Etablie à Malakoff, elle commence à jouir d’une certaine reconnaissance alors qu’on lui découvre, en 1969, un cancer du sein. Elle expose aussi avec Christian Boltanski et Annette Messsager. Elle meurt le 2 mars 1973 et est enterrée au cimetière de Montmartre.

Cette trajectoire singulière sert de fil conducteur à l’exposition belge, qui rassemble 120 œuvres (90 sculptures et 30 dessins) déployées chronologiquement sur deux étages. Des premières sculptures figuratives et assez classiques jusqu’aux dernières, l’ensemble illustre à la fois la continuité thématique (le corps) de son travail et sa constante innovation dans la forme et les matériaux utilisés.

Mousse. La visite débute avec Age difficile, un nu féminin tout mince, en plâtre patiné, de 1956, et Exhumé, un bronze de 1957 figurant un corps tronqué. Mais, dès 1961, Szapocznikow réalise sa première œuvre en polyester et, l’année suivante, le premier moulage direct d’une partie de son propre corps, en l’occurrence sa Jambe.Il y aura la série des seins et des bouches lumineuses (à partir de 1966), lampes en polyester incrustées d’empreintes de lèvres vermillon et de tétons rosés, qu’on retrouve aussi dans un plateau en version Petit Dessert (1970-7971). Réalisée «par coulée en masse», une méthode expérimentée par l’artiste, cette série est la plus connue.

Entre-temps, et toujours avec cette volonté viscérale d’innover, elle s’est mise à incorporer des photos (notamment d’amis : Christian Boltanski, Fernando Arrabal…) dans du polyester translucide. En 1968, elle moule des ventres dans une mousse de polyuréthane. L’emploi de ce nouveau matériau industriel la rapproche des fameuses expansions concomitantes de César.

Ironie du sort, c’est au moment où Alina Szapocznikow réalise sa série Tumeurs qu’on lui découvre un cancer. Tronqué, déformé, meurtri, le corps hante et anime cette œuvre importante, située à la croisée du surréalisme, du pop art et du nouveau réalisme.

Alina_Szapocznikow

voir son travail

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