SimCity dans mon bassin
Un an après son installation, le tout petit bassin a pris un peu de bouteille.
Les plantes s’y sont bien adaptées, aussi bien les iris venus du bord du Rhône
que les fougères et les plantes aquatiques venues de la forêt voisine.
Mais les tritons ont rapidement disparu
(retournés dans la forêt où je les avais pêché malgré la distance et l’incertitude
d’y trouver un trou d’eau qui de toute manière tarira à la belle saison)
et je m’étais résignée à n’y observer que quelques insectes aquatiques
dont l’amusante araignée d’eau.
Or, surprise, deux grosses grappes d’œufs globuleux flottent maintenant
à sa surface et de minuscules têtards commencent à en sortir.
Puis je surprends deux grenouilles brunes au museau pointu (Rana sylvatica ?)
(et un gros crapaud se baignant un soir).
Je suis ravie que des grenouilles soient venues spontanément,
mues par je ne sais quel instinct, s’installer dans un bassin pourtant pas facile d’accès
puisqu’il est surélevé par le muret de granit du pressoir.
Installation énigmatique qui me rappelle furieusement un jeu vidéo
qui m’avait scotchée (moins qui suis plutôt imperméable aux jeux) il y a 8 ans : SimCity.
Vous créiez une topologie puis des voies de circulation, des sources d’énergie
et des parcelles à construire, et lorsque les conditions de vie les satisfaisaient,
des habitants débarquaient spontanément et animaient votre ville de leurs va-et-vient.
C’était génial.
Là, le monde devenait plus stressant : les habitants se multipliaient
et créaient des tours d’habitation, devenaient gourmands en énergie et ce monde trop couteux
m’échappait alors et s’effondrait devant ma pitoyable gestion.
C’était affreux.
Combien de grenouilles pullulant dans mon bassin si chaque œuf éclot
et que le crapaud n’en gobe pas les frétillants têtards ?