Les arbres de la forêt n’ont pas encore développé les feuilles
qui vont bientôt raréfier la lumière dans le sous-bois :
c’est le moment des floraisons sauvages.

Si on n’y prend garde on piétine un délicieux petit jardin pour lutins.

Nous sommes aujourd’hui le 11 floréal CCXVII.
(Calendrier révolutionnaire par Fabre d'Eglantine, celui de “Il pleut, ile pleut, bergère”.
L’époque étant houleuse, elle la conduira tout de même à la guillotine)

Je découvre en taillant le rosier qu’un gros nid est calé dedans,
juste entre les fenêtres de nos chambres.



Malheureusement l‘oiselle, sans doute choquée par le claquement de nos volets,
a apparemment abandonné sa belle couvée.

En revanche, dans la haie, une merlette plus pugnace
se contente de sauter sur une branche plus haute
lorsqu'en passant je tends mon apn à travers l’entrelac des branchages
pour surprendre ses fragiles oisillons...



...dont voici les 4 premiers jours.

Des nids qui rejoindront ma collection lorsqu'ils seront abandonnés.

5 jours après, à notre retour à la campagne, nous trouvons nid tragiquement vide...

Scènes de genre ou compositions florales, illustratifs ou très stylisés,
les tissus vintages m’enchantent,
du plus subtil au plus typé.

Coupons, dessus-de-lit et rideaux, chinés en brocantes et chez Emmaüs
exceptés les rideaux aux oiseaux qui étaient dans la chambre de mon frère.

Tout petit colimaçon coloré comme un bonbon
suçoté par les papilles vertes d’une langue de mousse.

Grasse matinée striée par la lumière du dehors.

Sur le rebord de la longue fenêtre haute du séjour,
quelques pots en terre vernissée rassemblés pour leur coloris caramel, miel,
jouent avec la lumière.

sculpture

Sorti ou rentré.

[réalisé en un seul fil ininterrompu]

A l’entrée de la forêt j’apporte des brouettés de déchets végétaux.

C’est ma décharge à moi, que j'ai "paysagée" en y ratissant un sentier,
et d’où je repars toujours avec quelques cailloux de bonne taille
dans ma brouette pour de futurs aménagements dans le jardin sans fin.

On ne revient pas les mains vides.

Comme le facteur Cheval, un des mes héros,
quand ma brouette me lâchera,
je la sertirai dans un reliquaire de pierre.

Les dodus triplés de mon enfance et leur grand cousin trouvé en brocante
ont donc une identité !



Et une histoire.
Et une grande famille, aux Etats-Unis
(et non au Japon comme l’origine de leur fabrication me l’avait fait croire)
où ils sont nés en 1909 sous le crayon de Rose O'Neill,
une illustratrice à qui ils ont apporté gloire et fortune.

Elle créa une bande dessinée pour un journal féminin mettant en scène
un angelot joufflu si craquant que le succès et le merchandising furent inouïs.



“Kewpie” est le dérivé mignon de Cupidon.


Rose O'Neill

Dans la salle de bain, trois vases gris ont fait patienter
des tiges cassées de gratopetalum une bonne partie de l’hiver.



Tendant le cou vers la lumière, les choux de porcelaine se sont étirés
jusqu’à ne plus avoir l’air de rien.
Même tout dégingandés je continue de les aimer.

1. signé A.M. au visage graffité façon Cocteau
2. anonyme façon peau d’éléphant trouée intérieur bleu
3. West-Germany façon chêne arraché intérieur bleu